Née un 12 juillet, il y a trente ans, Morrigan est la première enfant d’une grande famille. Et pour cause, sept frères et quatre sœurs ont suivi après sa naissance. Malheureusement, même si ses parents ont toujours travaillé, ils n’ont pas beaucoup de moyens pour tant d’enfants. Puisqu’elle est l’ainée, Morrigan s’est vite occupée de ses cadets, d’abord naturellement, puis par obligation. Ses géniteurs lui en demandent toujours plus, plus de temps pour s’occuper des petits, plus de tâches à la maison, alors que comme toute gamine de son âge, elle aurait préféré aller s’amuser dehors. Elle préfère d’ailleurs être à l’école plutôt que chez elle, trouvant le repos et du temps pour elle dans ces moments. Elle est d’ailleurs une très bonne élève, malgré le manque de temps qu’elle peut consacrer à ses devoirs lorsqu’elle se trouve chez elle. L’adolescente tient bon pendant plusieurs années, trouvant des excuses à ses parents dans un premier temps, mais au final, plus les reproches lui tombent sur les épaules –et pas seulement des mots-, plus elle sombre. A cette époque, durant une courte seconde, elle songe à faire bruler la maison et tous les occupants avec, pour être débarrassée de ce fardeau imposé. Elle ne le fit jamais, elle ne parla jamais à personne de cette pensée qu’elle trouve horrible aujourd’hui. L’irlandaise décide plutôt de quitter le domicile familial et tous ses problèmes pour rejoindre la capitale. Elle est déjà débrouillarde et ne craint pas l’inconnu, ayant rêvé depuis –toujours ?- longtemps d’une certaine liberté. Elle pense pouvoir –enfin- avoir une vraie vie.

Mais tout ne se passe pas comme prévu. Elle ne parvient pas à trouver un endroit sûr où dormir –après avoir utilisé l’argent emprunté à ses parents- ni à obtenir une place dans une des formations qu’elle a repérées. Pensant devoir dire adieu à ses rêves de liberté, tout en refusant de revenir en arrière, elle fait la rencontre de Seth. Un démon qui lui fait des promesses de grandeur, de vie meilleure, d’une vie sans emmerde et sans problème. Les alternatives lui manquent pour refuser une telle offre. Elle a déjà essayé par ses propres moyens et elle voit le résultat, se retrouvant à la rue et sans solution. Elle accepte de passer ce pacte, de vendre son âme pour dix ans. Dix ans de belle vie, après ce qu’elle avait vécu, Morrigan trouve ça honnête sur le coup.

Dès lors, sa vie s’améliore. Elle loge dans un appartement luxueux, décroche un diplôme en photographie et sort avec des amis. La solitude n’est plus présente, elle fait ce qu’elle a appris à aimer au fil des ans et tout se passe pour le mieux. Elle est tout simplement heureuse. Une vie comme tout le monde devrait pouvoir bénéficier. A condition –pour certains- de vendre son âme…

Le jour fatidique arrive, elle est seule dans son appartement, sur son balcon, en train de boire un verre de vin rouge couteux, regardant pour la dernière fois la ville sous ses yeux. Elle referme la fenêtre et fait face aux chiens des Enfers. Elle n’a aucun regret, aucune demande de prolongation de son temps. Elle accepte tout simplement de quitter ce monde après cette belle vie. La douleur ressentie la fit pleurer mais pas hurler.

Sauf que tout ne se passe pas comme prévu, encore une fois. Son âme n’est pas envoyée aux Enfers. Ni même au Paradis. Elle se réveille, dans son appartement, les yeux rubis de Seth fixés sur elle. Il a l’air… Perdu ? Morrigan essaye de se redresser mais elle se rend compte que l’ensemble de son corps est douloureux. Il lui faut quelques secondes pour se souvenir de ses derniers instants, de ces grognements, de ces coups de pattes et de crocs dans sa chair.

« Tout n’est pas perdu ma douce. » Susurre le démon tout en s’approchant d’elle et apposant le sceau de soumission à l’intérieur de son poignet droit.

Sur le coup, elle trouve le symbole étrange mais beau… Jusqu’à ce qu’il lui explique tout. Ce qu’elle était devenue. Qu’elle n’a pas respecté sa part du marché, qu’elle doit travailler pour Eux jusqu’à ce que son corps dépérisse. C’est dans cet appartement que Morrigan dit adieu à celle qu’elle était, celle qui souriait avec ses amis, qui avait une vie heureuse et qui avait accepté sa mort.

Cette nouvelle vie, elle ne l’accepte pas. Elle rejette totalement cette soumission qu’elle leur doit. Pourtant, elle ne peut pas faire autrement. Si un démon ordonne, elle doit s’exécuter. C’est dans ce contexte qu’elle commence à se salir les mains, qu’elle apprend sur le terrain à manipuler son pouvoir de sang. Elle apprend aussi à réfléchir avant d’agir, à ne rien faire sans raison, à cacher ses émotions lorsqu’elle prend une vie.

Elle déteste encore davantage les démons lorsqu’ils l’envoient à Vegas, sous prétexte qu’ils ont besoin de ses talents. Une maléficienne parmi tous les autres. Les marionnettes de ces seigneurs des Enfers. Sa haine contre cette race grandit au fil du temps, au nombre des siens qui périssent sous ses yeux, sous son incapacité à les protéger.

Elle fait quelques rencontres, se lie d’amitié avec certains maléficiens –bien qu’elle ne le dira pas dans ces termes- et apprend à qui elle peut se fier. Elle n’hésite pas à participer lors de leur libération aux côtés d’Harold, Killian, Swann et d’autres, s’ouvrant les veines pour protéger le plus de maléficiens possibles, désirant ne plus perdre de proches comme par le passé.

C’est tout naturellement qu’elle rejoint Killian après la mort d’Harold, ne voyant pas d’autre chemin pour elle. Ne voyant pas d’autres alternatives pour venger leur sauveur tout en garantissant un maximum de sécurité pour les leurs. Grâce à son utilité durant les combats, son mental calculateur et protecteur –même s’il faut le chercher pour le voir ainsi- elle parvient à monter les échelons de la famille, à obtenir une place pour ne pas être un simple pion mais un membre actif des O’Reilly et la possibilité de maintenir leur sécurité.